O poeta vai pelos campos
O poeta vai pelos campos; ele admira,
ele adora; ouve em si mesmo uma lira;
e vendo-o vir, as flores, todas as flores,
que dos rubis apagam as cores,
que do pavão o rabo anulam
a florzinha de ouro, a florzinha azul,
assumem, para em seus ramos acolhê-lo,
jeitinhos distraídos, jeitões bem faceiros,
e, familiarmente, pois convém às belas:
“Calma! é nosso amante que passa”, dizem elas.
E, cheias de dia e sombra e confusas vozes
As profundas árvores que vivem nos bosques,
Essas anciãs, os teixos, as tílias, os áceres,
Salgueiros enrugados, carvalhos veneráveis,
O olmo de ramagem negra, o musgo grave,
Como os ulemás quando o mufti surge,
Saúdam-lhe e se curvam até a terra
A cabeça frondosa e as barbas de hera,
Contemplam em sua fronte o sereno fulgor,
E murmuram baixinho: “Ei-lo! é o sonhador”.
Le poëte s’en va dans les champs
Le poëte s’en va dans les champs ; il admire,
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
Les petites fleurs d’or, les petites fleurs bleues,
Prennent, pour l’accueillir agitant leurs bouquets,
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
— Tiens ! c’est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d’ombre et de confuses voix,
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L’orme au branchage noir, de mousse appesanti,
Comme les ulémas quand paraît le muphti,
Lui font de grands saluts et courbent jusqu’à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre,
Contemplent de son front la sereine lueur,
Et murmurent tout bas : C’est lui ! c’est le rêveur !
HUGO, Victor. "Le poète s'en va dans les champs" / "O poeta vai pelos campos". Trad. de William Zeytounlian. In: MENDONÇA, Vanderley (org.). Lira agenta. Poesia em tradução. São Paulo: Selo Demônio Negro, 2016.
lembrei-me desta carta dele que li esta semana.
ResponderExcluir"Rien n'est charmant, à mon sens, comme cette façon de voyager. - A pied ! - On s'appartient, on est libre, on est joyeux ; on est tout entier et sans partage aux incidents de la route, à la ferme où l'on déjeune, à l'arbre où l'on s'abrite, à l'église où l'on se recueille. On part, on s'arrête, on repart ; rien ne gêne, rien ne retient. On va et on rêve devant soi. La marche berce la rêverie ; la rêverie voile la fatigue. La beauté du paysage cache la longueur du chemin. On ne voyage pas, on erre. à chaque pas qu'on fait, il vous vient une idée. Il semble qu'on sente des essaims éclore et bourdonner dans son cerveau. Bien des fois, assis à l'ombre au bord d'une grande route, à côté d'une petite source vive d'où sortaient avec l'eau la joie, la vie et la fraîcheur, sous un orme plein d'oiseaux, près d'un champ plein de faneuses, reposé, serein, heureux, doucement occupé de mille songes, j'ai regardé avec compassion passer devant moi, comme un tourbillon où roule la foudre, la chaise de poste, cette chose étincelante et rapide qui contient je ne sais quels voyageurs lents, lourds, ennuyés et assoupis ; cet éclair qui emporte des tortues. -oh ! Comme ces pauvres gens, qui sont souvent des gens d'esprit et de cœur, après tout, se jetteraient vite à bas de leur prison, où l'harmonie du paysage se résout en bruit, le soleil en chaleur et la route en poussière, s'ils savaient toutes les fleurs que trouve dans les broussailles, toutes les perles que ramasse dans les cailloux, toutes les houris que découvre parmi les paysannes l'imagination ailée, opulente et joyeuse d'un homme à pied ! Musa pedestris.
Et puis tout vient à l'homme qui marche. Il ne lui surgit pas seulement des idées, il lui échoit des aventures ; et, pour ma part, j'aime fort les aventures qui m'arrivent. S'il est amusant pour autrui d'inventer des aventures, il est amusant pour soi-même d'en avoir."
Victor Hugo, Le Rhin, lettres à un ami, Lettre XX
Texto lindo o dessa carta, Sandra! Muito obrigado!
ResponderExcluirAbraço
Que bonito haver, assim posta em verso, uma natureza dócil ao sonhador. Bom, a Victor Hugo.
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